L’ANNEE DU PHOENIX: Entre 1996 et 2001, le festival Fantasia a été principalement présenté au Cinéma Impérial. Malheureusement, en avril 2002, les organisateurs du festival apprirent que d’importants retards dans des travaux d’urgence imposés par l’état de la toiture du cinéma, de sa plomberie et de sa climatisation rendraient la tenue du festival impossible dans cet édifice.
Plusieurs alternatives furent évidemment envisagées, mais devant l’incapacité de se relocaliser dans de si brefs délais sans affecter la performance ou la crédibilité du festival, il fut décidé que 2002 serait une année de relâche.
Les organisateurs n’étaient pas au bout de leurs peines puisqu’en 2003, d’autres travaux de restauration de l’Impérial ne seraient pas terminé à temps pour accueillir la septième édition du festival Fantasia. Il fallait trouver une autre grande salle et un espace que les cinéphiles pourraient s’approprier. Peter Rist du Mel Hoppenheim School of Cinema suggéra d’entrer en contact avec les gestionnaires de l’université Concordia pour la location du Théâtre Hall (700 places) et de la salle J.A. De Sève (200 places). Les organisateurs du festival ont donc discuté avec Cindy Canavan, qui est responsable des opérations technique. Elle a accueillie leur demande avec enthousiasme et fait les démarches pour munir la salle Hall d’un nouvel écran et d’un nouveau système de son, offrant au festival une qualité de projection inégalée a Montréal. Les organisateurs et programmateurs attendaient avec nervosité le 14 juillet 2003, date de la prévente des billets. Le public allait‐il nous suivre dans cette nouvelle localisation et, le cas échéant, serait‐il enthousiaste à notre programmation ? Malgré le fait que l’ouverture de la billetterie n’était prévu qu’à 14 h, c’est dès 8 h ce matin‐là qu’une quantité impressionnante de festivaliers commencèrent à faire la file. A midi, on comptait déjà plusieurs centaines d’amateurs et plus de 15 000 billets furent ainsi rapidement écoulés en moins de 48 heures. La programmation 2003 comptait 86 longs métrages provenant de 20 pays. Le palmarès officiel du festival témoigne parfaitement de l’étendue et de la qualité des films programmés en 2003 : Drive de Hiroyuki (Sabu) Tanaka (meilleur film asiatique), Dead End (présenté en première nord‐ américaine) de Jean‐Baptiste Andrea et Fabrice Canepa (meilleur film international), Tamala 2010 du collectif Trees of Life (meilleur film d’animation) et Suicide Club de Sono Sion (film le plus révolutionnaire).
Cette édition confirmait l’émergence de créateurs singuliers dont Joel Bergvall et Simon Sandquist (The Invisible en première canadienne), Katsuhito Ishii (Shark Skin Man & Peach Hip Girl), Kwak Jae‐young (My Sassy Girl), Elza Kephart (Graveyard Alive en première mondiale), Damon Packard (Reflections Of Evil), les frères Pang (The Eye), Paco Plaza (Second Name en première canadienne), Dennison Ramalho (Amor So De Mãe en première internationale), Eli Roth (Cabin Fever), les frères Spierig (Undead en première nord‐américaine), Éric Tessier (Sur Le Seuil en avant‐première mondiale) et Yukihiko Tsutsumi (2LDK en première canadienne). La septième édition du festival partagea les œuvres de plusieurs réalisateurs fétiches du public du festival, dont notamment Don Coscarelli (Bubba Ho‐Tep), Stuart Gordon (King Of The Ants en première canadienne), Shusuke Kaneko (Giant Monsters All‐Out Attack en première canadienne), Ryuhei Kitamura (ARAGAMI en première canadienne), Kim Sang‐Jin (Kick The Moon en première canadienne), Lasse Spang Olsen (Old Men In New Cars: In China They Eat Dogs II en première canadienne), Victor Salva (Jeepers Creepers 2 en première mondiale), Corey Yuen (So Close en première canadienne) et Brian Yuzna (Beyond Re‐Animator en première canadienne).
Fantasia célébra le cinéma coréen dans le programme « Faces of Korea » en présentant 11 films, dont notamment Double Agent (Kim Hyun‐jung, en première canadienne), The Legend Of Gingko (Park Je‐Hyeon, en première nord‐américaine), Musa The Warrior (Sung‐su Kim, en première canadienne), Resurrection Of The Little Match Girl (Jang Sun‐Woo, en première canadienne) et Sympathy For Mr. Vengeance (Park Chan‐Wook). On souligna également une certaine recrudescence du genre fantastique au cinéma français avec la section « Vive La France fantastique! », incluant notamment Dans Ma Peau (Marina De Van) et la première canadienne de Maléfique (Éric Valette).
Ce fut aussi l’année où Fantasia fit découvrir aux cinéphiles montréalais le travail documentaire du réalisateur culte Richard Stanley dans un plein feu intitulé « Voodoo, War And Mysticism » et proposait trois films singuliers : Voice Of The Moon, The Secret Glory (en première nord‐ américaine) et The White Darkness (en première nord‐américaine). Le festival a finalement rendu hommage à Takashi Miike en proposant au public une sélection de quatre de ses œuvres : Graveyard Of Honour (en première canadienne), Ichi The Killer, Man In White (en première nord‐américaine) et Shangri‐La. Parmi les prestigieux invités présents à cette édition, mentionnons notamment Steve Cuden, Shusuke Kaneko, Scooter McRae, Jorge Olguin, Dennison Ramalho, Eli Roth, Patrick Senécal, Richard Stanley, Éric Tessier, Éric Valette, Ray Wise et le collectif Phylactère Cola.
En l’espace de 25 jours, le festival Fantasia a réussit non seulement à attirer quelques 73 000 spectateurs, mais à confirmer sa pertinence tant sur la scène locale des festivals de films que sur la scène internationale. Dans la mythologie, le phœnix représente un oiseau fabuleux, doué de longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître de ses propres cendres. Il est clair qu’après les difficultés rencontrés en 2002 et 2003, les organisateurs du festival Fantasia peuvent affirmer que 2003 était réellement pour eux l’année du phœnix.