Comme le fait remarquer le président Pierre Corbeil dans son mot de bienvenue, le programme de l’édition 2007 du festival Fantasia se discerne des précédents par son impressionnant volume. En réponse au succès grandissant de la manifestation, l’équipe a pris la décision de gonfler sa sélection de longs métrages en passant de 90 titres à plus de 130. De plus, une vingtaine de séances dédiées aux courts sont au rendez‐vous, dont dix vouées uniquement aux productions locales.
Pour accueillir ces importants ajouts, une troisième salle de l’Université Concordia est louée, le DB Clark, qui servira également de siège à de nombreuses conférences sur la mise en scène.
2007 voit également l’arrivée de Documentaries from the Edge, une nouvelle section, tel que son nom l’indique, focalisant sur des documentaires ayant l’audace d’aborder des sujets inusités. Bien que Fantasia a toujours présenté des documentaires lors de ses années antérieures, la création de cette plateforme témoigne d’un certain désir de légitimation. En regroupant ces films sous un même toit, il devient alors évident que la riche programmation du festival ne se limite pas à l’horreur et la science‐fiction. Le public répond avec enthousiasme à cette initiative, venant nombreux aux projections de Ghosts of Cite Soleil de Asger Leth, The King of Kong de Seth Gordon et le très attendu Zoo de Robinson Devor. Un hommage est également rendu au journaliste français Yves Montmayeur, présent à Montréal pour accompagner ses moyens métrages portant sur les grands cinéastes asiatiques contemporains. Il suffira d’un été pour que Documentaries from the Edge s’impose comme l’un des piliers du festival, devenant même une section récurrente lors des éditions futures.
Autre volet remarqué, Hell is a City : The Cinema of Urban Apocalypse propose diverses visions de la fin du monde, plus précisément sur l’instant précis où le chaos prend le dessus sur notre planète. Section carburant à l’adrénaline où rats mutants croisent fanatiques religieux, elle rend hommage aux jeunes auteurs américains avec les premières canadiennes de l’anthologie The Signal de David Bruckner, Dan Bush et Jacob Gentry, Mulberry Street de Jim Mickle et Right at Your Door de Chris Gorak, ces deux derniers étant projetés en présence de leur réalisateur. Hell is a City comporte également la première canadienne de End of the Line de Maurice Devereaux et la première nord‐américaine de The World Sinks Except Japan de Minoru Kawasi, deux habitués de Fantasia.
Une importante rétrospective vouée au cinéma fantastique russe permet au public de découvrir sur de nouvelles copies 35mm restaurées des œuvres soviétiques méconnues produites sur plusieurs périodes. Russian Fantastika : From the Tsars to the Stars propose ainsi aux spectateurs aventures des films aussi différents que Cosmic Voyage (1936) de Vasili Zhuraviev, Zero City (1968) de Karen Shakhnazarov et, surtout, de voir sur grand écran l’un des chefs‐ d’œuvre de l’histoire du cinéma, tout genre confondu, le magnifique Stalker (1979) d’Andrei Tarkovsky.
Après un hommage à Ray Harryhausen en 2005, Fantasia remet un second prix de carrière honorifique au réalisateur français Jean Rollin, applaudissant ainsi son précieux et distinct apport au cinéma fantastique. Fort ému, l’artiste est venu chercher sa récompense lors d’une cérémonie précédant une séance spéciale du Le Frisson des vampires. Rollin était également de passage à Montréal pour assister à la première mondiale de son film testamentaire La Nuit des horloges.
Outre Devereaux et Kawasi, dont The Rug Cop était également au programme, plusieurs habitués sont de retour à Fantasia, à la grande joie des cinéphiles. Les réalisateurs Larry Fessenden, Lloyd Kaufman et Sion Sono reviennent ainsi à Montréal pour respectivement présenter The Last Winter (première montréalaise), Poultrygeist: Night of the Chicken Dead (première canadienne) et Exte: Hair Extensions (première canadienne). Le festival profite d’ailleurs de la venue de Sono pour projeter l’inédit Hazard. La sélection asiatique s’avère particulièrement marquée par des retrouvailles avec des cinéastes adulés , en témoignent les séances de, entre autres, Time de Kim Ki‐Duk, Exiled de Johnnie To, Nightmare Detective de Shinya Tsukamoto, Retribution de Kiyoshi Kurosawa, The Restless de Jo Dong‐Oh et l’incontournable Takashi Miike avec Sun‐Scarred, Big Bang Love et le délirant Zebraman.
Comme toujours, les nouveaux venus sont également accueillis en roi. Ayant droit à une pluie d’applaudissement pour son très attendu hommage aux slashers Hatchet (première canadienne), l’Américain Adam Green a droit à des éloges similaires pour la première canadienne de son second long métrage, Spiral. Le réalisateur thaï Chookiat Sakweerakul prend s’assaut le théâtre Hall avec son déroutant 13 Beloved (première nord‐américaine), l’un des films‐événements de 2007, et se voit par la suite récompensé du Prix du public pour le meilleur film asiatique. Le public découvre également les films de Mai Tominaga (Wool 100%, première nord‐américaine), M dot Strange (We Are the Strange, première canadienne) et Won Shin –Yeon (A Bloody Aria, première nord‐américaine), mais aussi, en première canadienne. The Wizard of Gore de Jeremy Kasten, Viva d’Anna Biller, The Tripper de David Arquette et, en preière mondiale, The Girl Next Door de Gregory Wilson et Sakura No Kage de Guillaume Tauveron et Hiroshi Toda, ces derniers étant tous projetés en présence des réalisateurs. Fantasia accueille également le comédien Nicolas Bro, vedette du cinéma danois, pour les premières de Offscreen et Adam’s Apples, ainsi que le controversé Uwe Boll pour les premières mondiales de Postal et In The Name of the King.
Débutant le 5 juillet avec la première canadienne du film d’animation Tekkon Kinkreet de Michael Arias, Fantasia se termine le 23 juillet avec une séance additionnelle de Memories of Matsuko de Tetsuya Nakashima, long métrage auquel le jury présidé par Yves Pelletier a décerné le prix du Meilleur film. Le festival se clôt une fois de plus sous le signe du succès en ayant atteint un nombre record de plus 81 000 spectateurs, soit plus de 4 000 que l’année précédente, s’imposant une fois un événement cinématographique d’envergure, autant sur la scène locale qu’internationale.
(Traductions: Ariel Esteban Cayer)