L’année 2009 fut particulièrement faste pour le Festival Fantasia, et ce, à plusieurs niveaux. Que ce soit de la part des institutions gouvernementales, des distributeurs ou du fidèle public, le fruit des efforts et de certains des choix de ses programmateurs, surtout au niveau de la programmation, furent récompensés avec des résultats allant toujours au‐delà de leurs espérances.
Pour la première fois, Téléfilm Canada accordait au festival une aide financière fort bienvenue, ce qui confirmait hors de tout doute sa légitimité dans le paysage culturel québécois et canadien. Au fil des années, de plus en plus de studios faisaient confiance aux organisateurs du festival, mais l’obtention de films marquants de la dernière édition du Festival de Cannes tels Thirst de Park Chan‐wook, co‐lauréat du Prix de mise en scène sur la Croisette, Lascars d’Emmanuel Klotz et Albert Pereira Lazaro, et Inglourious Basterds de Quentin Tarantino, venu clôturer le festival (en présence de l’acteur Eli Roth), démontrait que Fantasia demeurait une destination de choix pour lancer la carrière de films importants sur le territoire canadien et nord‐américain.
Malgré un nombre croissant de films que l’on pourrait qualifier de « non traditionnellement fantasiens », mais qui s’inscrivent parfaitement dans la programmation ainsi que dans la vision à long terme du Festival, comme Breathless de Yang Ik‐june, venu en personne présenter son film et reparti avec les prix du Meilleur film et du Meilleur acteur, The Clone Returns Home de Kanji Nakajima, lauréat de la Meilleure direction photo, et À quelle heure le train pour nulle part de Robin Aubert (qui remporta l’année suivante le prix Gilles‐Carles au Rendez‐vous du cinéma québécois), un nombre record de 90 000 festivaliers se sont rués au Théâtre Hall et à la Salle J.A. De Sève de l’Université Concordia. Avec 195 projections à guichet fermé, nous pouvions affirmer que c’est avec un enthousiasme délirant que notre public était prêt à suivre la route que Fantasia prenait.
Si les amateurs nous ont supportés avec une telle ferveur, c’est également en raison des valeurs sûres et des auteurs habitués à la programmation de Fantasia. Ainsi, ils pouvaient retrouver Takashi Miike en ouverture avec Yatterman, Sion Sono avec son chef‐d’œuvre Love Exposure, qui a gagné le Prix spécial du jury et le prix de la Meilleure actrice (Hikari Mitsushima), José Mojica Marins, alias Coffin Joe, venu d’outre‐tombe et en personne – accompagné de son scénariste Dennison Ramalho ‐ présenter Embodiment of Evil et recevoir un prix récompensant l’ensemble de sa carrière, Wilson Yip et son Ip Man, le film phare de notre volet consacré aux 100 ans du cinéma de Hong Kong, Kim Ki‐duk avec Dream, Larry Fessenden, cette fois‐ci venu en tant qu’acteur et producteur introduire I Sell the Dead, et tant d’autres.
En termes de découvertes, le festival a fait honneur à sa réputation en présentant un nombre impressionnant de premières œuvres et de films réalisés par des auteurs en pleine ascension. Du nombre, The Chaser de Nah Hong‐jin, The Children de Tom Shankland, Rough Cut de Jang Hun, The Immaculate Conception of Little Dizzle de David Russo, You Might as Well Live de Simon Ennis, Sans Dessein de Caroline Labrèche et Steeve Leonard, Trick ‘r Treat de Michael Dougherty, Fine, Totally Fine de Yosuke Fujita, Grace de Paul Solet, Left Bank de Peter Van Hees, 8th Wonderland de Nicolas Alberny et Jean Mach et White Lightnin’ de Dominic Murphy on fait leur marque dans la programmation de Fantasia 2009.
Impossible également de passer sous silence les rétrospectives et projections de certains classiques du cinéma de genre qui prennent de plus en plus de place dans la programmation de Fantasia. La rétrospective sur les pinku eiga, en collaboration avec le consulat japonais, a fait découvrir au public montréalais un genre méconnu ici, mais très respecté au Japon. Fantasia a également eu l’honneur de recevoir le cinéaste Buddy Giovinazzo et son film coup‐de‐poing Combat Shock, de même que sa toute dernière œuvre : Life is Hot in Cracktown. De plus, la désirée actrice Sasha Grey, l’acteur culte David Hess et le réalisateur canadien Lee Demarbre sont venus introduire la première mondiale de Smash Cut. Finalement, le rappeur français MC Jean Gab’1, le réalisateur Pierre Laffargue et la productrice Lauranne Bourrachot étaient présents à la projection de la comédie d’action Black.
Nous pourrions dire que 2009 fut l’année de consécration pour Fantasia. Cette treizième édition laissait entrevoir un avenir fort prometteur pour le festival et ses fans et pavait la voie à toutes les surprises et événements spéciaux qui allaient marquer Fantasia 2010.