La seizième édition du Festival Fantasia était haut la main l’une des années les plus ambitieuses de son histoire. Avec plus de 160 longs métrages retenus, la sélection était généreuse et diversifiée. Les festivités commencèrent en grand avec la première nord-américaine de FOR LOVE’S SAKE de l’habitué Takashi Miike. Hybride d’hommage au cinéma d’exploitation japonais des années 70 et de manga adapté en comédie musicale déjantée, cette rencontre improbable entre WEST SIDE STORY et OSAKA TOUGH GUYS a fait exploser le théâtre Hall avec ses numéros de danse dynamiques. L’énergie du film de Miike a porté cette édition du Festival qui, en plus d’accueillir un nombre record d’invités et de premières, donna le coup d’envoi à Frontières, le Marché de coproductions internationales qui s’imposa sur le champ comme un immanquable rendez-vous pour l’industrie.
En plus du film d’ouverture, Miike était représenté par son adaptation du jeu vidéo à succès ACE ATTORNEY (première canadienne), l’un des 34 films sélectionnés en provenance du Japon. L’incorrigible Noburu Iguchi était quant à lui sur place pour présenter deux longs métrages, l’absurde DEAD SUSHI (première mondiale) et l’hilarant ZOMBIE ASS (première canadienne). Les coréalisateur de FUNKY FOREST : THE FIRST CONTACT Shunichiro Miki et Katsuhito Ishii étaient également de retour avec leur long métrage respectif : l’iconoclaste THE WARPED FOREST (première canadienne en présence de Miki) et le succès SMUGGLER (première québécoise). Yuya Ishii, le cinéaste derrière le très joli SAWAKO DECIDES, était également de retour avec le sensible et émouvant SAWAKO DECIDES. Le Festival était également l’hôte de la première nord-américaine du succès cannois 11/25 THE DAY MISHIMA CHOSE HIS OWN FATE, une œuvre essentielle signée Koji Wakamatsu.
De la Corée du Sud, DOOMSDAY BOOK (première canadienne) était assurément l’un des points forts de la sélection asiatique. Dans ce long métrage spectaculaire, les réalisateurs Kim Jee-woon (A TALE OF TWO SISTERS) et Yim Pil-sung (HANSEL & GRETEL) unissent leurs talents pour signer une inoubliable anthologie de science-fiction. Écrit par Kim Ki-duk, l’explosif POONSANG de Juhn Jai-Hong a été un grand succès auprès des festivaliers qui furent également conquis par l’extraordinaire performance de Choi Min-sik dans NAMELESS GANGSTER de Yun Jung-bin (première québécoise). La K-horror était également à l’honneur avec la première canadienne de l’inquiétant THE CAT de Byeon Seung-wook ainsi que la première québécoise de WHITE : MELODY OF THE CURSE de Kim Gok et Kim Sun, une histoire de fantôme sur fond de K-pop à faire frémir n’importe quel amateur du Gangnam Style, le succès inattendu de l’été 2012.
En plus d’offrir plusieurs films de la Thaïlande (dont le retour attendu de Pen-Ek Ratanaruang avec HEADSHOT) et de l’Inde (comment oublier cette séance explosive de SINGHAM?), Fantasia rendit également hommage aux Philippines avec la présentation du controversé MONDOMANILA de Kavhn de la Cruz, le drame urbain AMOK, le satire A WOMAN IN A SEPTIK TANK et la première canadienne de GRACELAND de Ron Moralez qui devint l’une des œuvres majeures du circuit festivalier de 2012.
La programmation occidentale était également exceptionnelle. Rob Grant (YESTERDAY) était sur place lors de la première mondiale de MON AMI, une comédie noire bien sanguinolente. Le Canada était également représenté par les premières mondiales de COLUMBARIUM de Steve Kerr, l’hallucinant LOWLIFE de Seth Smith et l’ingénieux HEMORRHAGE de Bradon Croft. Des Etats-Unis nous venait l’attendue première internationale de SUSHI GIRL, film noir donnant la vedette à Mark Hamil (STAR WARS), Tony Todd (CANDYMAN) et Noah Hattaway (THE NEVERENDING STORY), tous présents lors de la séance. Le festival accueillit également Jennifer Lynch pour la première mondiale de CHAINED. Parmi les autres points forts, mentionnons le retour de Alex de la Iglesia avec AS LUCK WOULD HAVE IT, les premières mondiales de THE HUMAN RACE de Paul Hough, A NIGHT OF NIGHTMARES de Buddy Giovinazzo ainsi que l’énigmatique TOAD ROAD de Jason Banker. La première québécoise du terrifiant KILLIER JOE de William Friedkin, la comédie avec Simon Pegg A FANTASTIC FEAR OF EVERYTHING, THE TALL MAN de Pascal Laugier et la première mondiale de THE VICTIM de Michael Biehn furent également des événements incontournables.
Fantasia célébra également le 100e anniversaire des studios Nikkatsu par l’entremise d’une rétrospective organisée conjointement avec le Festival du nouveau cinéma. Les films présentés lors du premier volet de cet hommage furent le célèbre STRAY CAT ROCK : SEX HUNTER, le méconnu MASSACRE GUN de Yasuharu Hasebe, POSTMAN BLUES de Sabu ainsi que les classiques THE PROFOUND DESIRES OF THE GODS de Shohei Imamura et TOKYO DRIFTER de Seji Suzuki. Finalement, le festival remit le Cheval noir honorifique au théoricien David Bordwell qui profita de l’occasion pour donner une conférence sur le cinéma de Hong Kong. Fantasia fut également l’hôte du lancement du livre HOUSE OF PSYCHOTIC WOMEN de Kier-La Janisse.
Gargantuesque sur tous les plans, cette seizième édition fut une année majeure pour le festival : une année d’hommages, de grands retours, de découvertes et, surtout, une nouvelle étape dans l’avenir de Fantasia.