France
2021 60 mins
V.O. française
Sous-titres : anglais
Le voyant rouge de la webcam d'Alice clignote, tout d’un coup. On et Off, On et Off, On et Off… Puis s'arrête brusquement. Un hacker, un fantôme, un dieu? Une invasion, un avertissement, un bonjour? Elle décide alors de dévoiler la source, voire l'identité de l'envahisseur à sa manière : elle parle, elle imagine, elle se connecte, elle se demande. Flux vidéo, système d'exploitation, transmission de données, DEAR HACKER est une sorte de film d'invasion informatique, et au-delà. Ce premier documentaire d'Alice Lenay — présenté pour la première fois au prestigieux festival Cinéma du Réel cette année — est un patchwork d'appels vidéo, une réflexion métaphysique. Alice saute joyeusement dans le terrier et navigue à travers l'univers infini de la toile virtuelle — et celle de notre esprit — et de notre interdépendance à une époque où nous n'avons jamais été aussi éloignés les uns des autres. Avec ses observations pleines d'esprit et son imagination sagace, elle écrit une lettre visuelle. Elle raconte l'histoire de la perception, de la réalité, l'histoire de... nous.
L'expérience est déroutante, surtout dans le cadre d'un festival virtuel. En tant que cinéphile et spectatrice, je regarde sur mon écran d'ordinateur d'autres personnes s'inviter chez moi. J’observe silencieusement pendant qu'Alice leur parle. Ils cherchent, ils songent, amusés et perplexes… Comment contrôlons-nous qui nous voit? Un ruban sur votre webcam suffit-il? Comment dominons-nous la perception des autres? Y a-t-il une différence entre le vrai soi d'une personne et sa forme virtuelle? Rien n'est plus incertain quand on est déconnecté de ce qui est perçu comme la réalité, de pouvoir toucher, sentir et enregistrer tout autre élément qui fait de notre communication ce qu’elle est - silence, bruits, odeurs. La désynchronisation des signaux entre deux personnes et leurs doubles virtuels restructure la nature même de notre langage et le sens de « l'autre ». Chargement en cours, le cercle tourne en une spirale sans fin. Alice poursuit sa quête. – Célia Pouzet