Québec
1994 75 mins
V.O. française/anglaise
Sous-titres : français/anglais
Représentation gratuite au Cinéma du Musée. Il n'y a pas de vente de billet, c'est premier arrivé, premier servi!
« Salut, je suis Earl Tremblay pis je suis ici pour vous parler de moi avec l’aide du film que vous allez voir. J’ai commencé à filmer l’an passé. J’avais jamais touché à une caméra avant ça. Je savais pas que faire un film, c’est comme entrer dans son propre intestin pis se mélanger à sa marde jusqu’à pu être capable de se sentir. L’intestin une fois dedans, on ne peut plus en sortir, faut aller jusqu’au boutte; et au boutte, il y a rien que l’égout. Là, je suis rendu là, sur le bord de me chier moi-même. Anyway, si j’en sors pas trop beurré, c’est bien évident qu’à parler dans les deux langues, ça va faire un crisse de bon film canadien. »
Ainsi commence la 19e bobine du film de la vie de Earl Tremblay. Né d'un père francophone, Henri Tremblay, et d'une mère anglophone, Edma Burke, il nous raconte son histoire à travers le double langage de son éducation natale. Après la mort accidentelle de sa mère, victime d’un empoisonnement aux palourdes, et le suicide de son père, Earl quitte sa plage natale, en prenant soin d’apporter la caméra de sa mère et 19 bobines qu’elle lui a léguées pour l’aider à se retrouver. Dix-neuf bobines de trois minutes chacune que ce dernier nous présente en voix off à la fois en anglais et en français. Mais voilà, au fil des bobines, le discours commence à diverger d’une langue à l’autre, et ce, jusqu'à ne plus commenter les événements de la même manière. Earl est au cœur d’une guerre identitaire. Un voyage initiatique qui va le mener de sa plage natale à Montréal, puis à Ottawa où il deviendra député conservateur.
YES SIR! MADAME… est un film essentiel à qui s’intéresse au travail de Robert Morin. L’une des œuvres phares du cinéaste. Comédie satirique à la fois intimiste et abrasive, elle nous projette dans un univers entre la fiction, le documenteur autobiographique, les faux films trouvés, le cinéma expérimental et même les principes du ciné-œil de Vertov. Plusieurs des grands thèmes qui marqueront l’œuvre de l’auteur sont déjà présents ici et il y utilise cette caméra ultra subjective qu’il affectionne tant. Membre fondateur de la Coop Vidéo de Montréal en 1977, il a réalisé une trentaine de films jusqu’à maintenant. Même s’il semble tourné dans l’urgence d’un film sans budget, YES SIR! MADAME… reste un ambitieux projet sur lequel Morin travaillera durant presque 20 ans. La première de cette restauration en 4K signée Éléphant : mémoire du cinéma québécois sera présentée en présence de Robert Morin. – Marc Lamothe
Film fauché, YES SIR! MADAME… avait été en grande partie tourné sur pellicule 16mm, mais à l’origine post-produit et distribué sur bobine 3/4 de pouce. Le film n’a jamais été vu qu’au moyen de copies de diffusion vidéo ou numérique ayant subi plusieurs pertes de générations avec le matériel original, au gré des transferts vidéo et numériques. La restauration du film par Éléphant aura permis de retourner à la pellicule originale pour les 2/3 du film et, pour l’autre 1/3, d’atténuer les dégradations inhérentes aux différents transferts des sources vidéo analogiques, et d’améliorer la colorimétrie de ces sources. YES SIR! MADAME… a été l’un des plus complexes et ambitieux travaux de restauration faits ces dernières années par Éléphant : mémoire du cinéma. - Dominique Dugas, directeur général, Éléphant : mémoire du cinéma québécois